En été, ma tête est en effervescence. Les patoisants sont autour de moi, au chalet de Visse. Les années passent, l’une après l’autre, et les petits enfants ne savent pas quelles richesses ils sont en train de laisser s’échapper et retourner au néant.
Quelles priorités fixer pour valoriser ce patrimoine culturel qu’est le patois?
Puisque le monde à changé, une idée serait de retrouver les quelques patoisants qui connaissent encore les savoir-faire d’autrefois, par exemple pour conserver ces connaissances qui permettaient aux Saviésans l’autarcie. Quoi de plus fascinant, pour les aliénés du monde moderne, que l’autonomie dont jouissaient nos ancêtres?
Une autre idée serait de toucher les jeunes. Il faudrait par exemple retrouver et moderniser des chansons populaires. On pourrait leur donner d’autres rythmes, jazzy, reggae, voire rap, pourquoi pas. Les jeunes doivent réentendre le patois. Pousser Guy Courtine à composer pour les jeunes en patois? Collaborer avec lui pour cela? Pour des accompagnements, éventuellement. Autrement c’est sûrement tout un engagement qui représenterait trop de travail pour moi. Mais qui sait; à cause de mon père c’est plutôt dans cette direction qu’on attend de moi quelque chose.
Le plus important me semble pour moi de renouer le contact avec les Saviésans eux-mêmes. Avec ceux qui seraient ouverts à réapprendre le patois parce que comme moi leur oreille s’y est formée depuis tout petit. Certains n’auraient vraiment besoin que d’un petit coup de pouce pour le parler. De plus, les gens de langue maternelle existent encore….
Dans cette perspective, une sorte de de petit journal mensuel ou trimestriel, par exemple intitulé « Ma conta té! », pourrait contenir des réflexions sur le patois, des idées de projets, des appels à la collaboration. Je sais que certains retraités ne demanderaient pas mieux que de faire profiter les jeunes de leurs connaissances, pendant des cours-veillées de patois, par exemple. Organiser de telles petites expériences, le relater dans un petit journal ad hoc? Ou alors plutôt en faire part dans le « journal de Savièse »? Il faut mobiliser les gens, les faire participer.
Nous avons une langue ancienne de plus de mille ans, une langue poétique et pleine de saveur. Transmettons-la aux jeunes. C’est une poésie et une philosophie. « Pa capona », ça devrait vouloir dire « ne pas laisser partir notre patrimoine millénaire, qui est riche et qui est savoureux à souhait ».