Mercredi, 11 Juillet 2007 14:04
Article tiré du site: http://www2.unine.ch/dialectologie/page10429.html
La Suisse romande dans l’espace linguistique francoprovençal et oïlique
Etendue du francoprovençal
Carte d’après G. Tuaillon (1972), « Le francoprovençal. Progrès d’une définition »,
Travaux de Linguistique et de littérature X, 1, 337; complétée.
La Suisse romande prolonge de façon naturelle l’espace francophone «hexagonal». Sans être politiquement française, elle partage dans une très large mesure l’histoire linguistique et culturelle de la francophonie européenne. Comme toutes les régions francophones actuelles, elle a adopté au cours de son histoire la «langue du roi», devenue «langue de la raison» au siècle des lumières. A l’instar de toutes les régions de l’Est de la France et la Wallonie, elle est pourtant marquée aussi par la frontière linguistique et le voisinage immédiat du monde germanique.
Comme toute la Suisse, l’espace qui forme aujourd’hui la Suisse romande a été romanisé à la suite de la conquête romaine, entre le IIe s. av. J.-C. et le début de l’ère chrétienne. Depuis 2000 ans, la Suisse romande est donc un pays latin. À différence de la Suisse alémanique, sa tradition linguistique est aussi restée latine: l’arrivée des peuples germaniques, à partir du Ve s., l’a peu marquée. En particulier, l’implantation des Burgondes n’a pas laissé de traces importantes.
La plus grande partie de la Suisse romande – Genève, Vaud, Neuchâtel, ainsi que les parties francophones de Fribourg et du Valais – appartient au domaine linguistique du francoprovençal, langue gallo-romane indépendante qui s’est développée dans un espace à peu près triangulaire au sud-est de la France, dans la zone de rayonnement des voies de transit alpin du Grand et du Petit Saint-Bernard, qui reliaient Aoste à Lyon; les premières particularités linguistiques du francoprovençal sont documentées depuis la fin du VIe siècle.
L’espace francoprovençal moderne comprend le Forez, le Lyonnais, la Savoie, la partie méridionale du Jura français, la plus grande partie de la Suisse romande, ainsi que la Vallée d’Aoste. Le canton du Jura, par contre, appartient au domaine d’oïl: les parlers jurassiens s’apparentent aux dialectes franc-comtois, qui sont de type français. Quant au Jura bernois, il forme une zone de transition, avec des dialectes proches du franc-comtois dans le nord-est, des dialectes de type francoprovençal dans le sud-est, et des dialectes intermédiaires au centre.
(Bibliographie: voir le site correspondant au site d’origine de cet article…)